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  • : Le blog de MOSER CHRISTINE
  • : J'ai l'intention de consacrer ce blog à deux de mes passions, la littérature et l'écriture. La première est facile à assouvir, la seconde s'entretient chaque jour. J'ai envie de parler de mes travaux d'écriture en tout genre : des récits et biographies écrits sur commande, des piges pour la presse, des lettres publicitaires, ou encore des histoires illustrées pour enfants. Les projets sont également nombreux...
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Conte de Noël paru dans le Journal du Neudorf N°24

novembre - décembre 2008

 

 

 

 

Le fossé des générations est une 

réalité ancestrale. En voici une

parfaite illustration : Emilie

remonte avec prudence la route du

Polygone quand une bande de

lycéens la heurte malencontreusement.

Du temps d’Emilie, on apprenait

aux jeunes le respect des personnes

âgées. Aujourd’hui, les

bonnes manières se sont envolées. A

l’image de cette neige qui décolle du

sol, sous l’effet des coups de pieds

des gamins. Une poignée de poudre

blanche atterrit sur les épaules de la

veille dame. Enfin, sur celles de son

manteau.

- Dites-donc ! Vous ne pouvez pas

faire attention ? Vous n’êtes pas seuls

sur ce trottoir, s’indigne Emilie.

- Pardon, M’dame, s’écrie un bonnet

jaune qui ressemble à une longue

chaussette.

Emilie toise les adolescents, l’expression

méfiante. La bande d’excités,

quant à elle, s’est déjà engagée dans

une bataille de boules de neige. Bon,

d’ici quelques mètres, Emilie sera

chez elle. Dans le hall de l’immeuble,

elle croise ses voisines de palier, la

petite Julie et sa mère. Elles sont en

pleine conversation où il est question

du Père Noël. Une rumeur circulerait

dans la cour de récréation : le gentil

bonhomme rouge serait pure invention.

La fillette, les mains sur les

hanches, veut en avoir le coeur net.

Face à l’explication embarrassée de

sa maman, elle se tourne vers la

vieille dame. Elle est mignonne la

petite, mais, désolée, Emilie refuse de

s’embarquer dans cette périlleuse

discussion. Trop de responsabilité !

De toute façon, Père Noël ou pas, Julie

sera trop gâtée le soir du réveillon. Ah,

l‘orange en guise de cadeau appartient

à un lointain passé ! Emilie sourit,

puis bat en retraite avant d’être prise

à partie. Une fois dans son appartement,

elle se poste derrière la fenêtre.

A cette période de l’année, elle

aime profiter du spectacle de la rue.

Et, elle est aux premières loges. Les

lumières, les décorations dans les

vitrines ou dans les maisons d’en face

effacent la grisaille de l’hiver. A l’abri

dans son cocon de couleurs, elle se

souvient des Noëls d’autrefois.

La nuit suivante, Emilie se réveille en

sursaut. Elle n’a pas fait de cauchemar,

elle n’est pas malade. Non, elle a

juste un sentiment bizarre. Elle enfile

ses pantoufles avant que ses pieds

ne touchent le sol glacé : elle va

regarder un moment par la fenêtre,

en attendant que le sommeil

revienne. A l‘extérieur, le silence

règne. Tout à coup, un étrange défilé

envahit le champ de vision d’Emilie.

Elle reconnaît vite - grâce au fameux

bonnet jaune - le groupe qui l’avait

bousculée. Les jeunes ont les bras

chargés de cartons. Il se passe un

truc pas net, se dit aussitôt Emilie. Sa

première intuition lui souffle qu’il

s’agit de marchandise volée. Sinon,

que font ces voyous, à une heure si

tardive, par ce froid de canard ?

Soudain, les adolescents s’arrêtent

devant les multiples sapins, plantés là

le 1er jour de décembre. Ils encerclent

la petite forêt. Tandis que les

uns secouent les branches enneigées,

les autres entreprennent de

fouiller les cartons. Emilie, qui ne

perd pas une miette de la situation,

maugrée à voix haute : “ petits vandales ! ".

La suite de l’histoire, elle

était loin de l’imaginer…

Le lendemain matin, c’est la grande

foule au dehors. On est venu des

quatre coins de Neudorf pour admirer

les sapins. Ces derniers, toutes

générations confondues, exhibent

fièrement leur symphonie de couleurs

et de lumières. Les habitants y

vont de leurs commentaires, un

mélange d’admiration et de curiosité.

Qui a réussi à accomplir un tel exploit

en une seule nuit ? Bien sûr, la petite

Julie, sa mère et Emilie sont là. La fillette

parle encore du Père Noël. Et,

elle veut toujours savoir s’il existe.

Cette fois-ci, la vieille dame est en

mesure de lui répondre :

- Tu peux croire au Père Noël, Julie !

D’ailleurs, j’ai eu la chance d’apercevoir

ses lutins alors que tout le

monde dormait. C’était merveilleux !

Je n’avais pas ressenti une aussi belle

émotion depuis longtemps.

- Je le savais ! triomphe la gamine.

 

 

 

 

 

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